Marathon de Paris 2012

Réveil à 5h00, plutôt en forme après une bonne nuit de sommeil. C’est la première fois que je dors aussi bien la veille d’un marathon. Je déguste mon Gatosport, me tonifie avec une bonne douche et je revérifie une 42 ème fois mon matériel.

En ce matin frisquet du 15 avril, je prends le métro pour rejoindre la tente Caisse d’Epargne où je dois rejoindre mes amis à 7h30 pour une photo de famille avant le départ du marathon à 8h45. Ils sont bien là : Marc, Patrice, Tristan, Thierry, Laurent, Jeannot, Eric, …on se prépare, on discute, le temps passe et heureusement Thierry veille au grain et me dit : ça serait peut- être bien d’y aller non ?

Il a raison car le temps de rejoindre notre sas des 3h00 il est déjà 8h30 et le départ est dans 15 mn. Patrice nous rejoint et nous échangeons quelques minutes comme à Genève en faisant la queue pour la dernière vidange technique. Au moins, en arrivant tardivement,  on a évité le froid et la gamberge…et PAN ! C’est parti pour 42,195 km.
Les conditions météo sont bonnes : 5 degrés, pas de pluie …par contre, l’ennemi du coureur sera bien là : le vent est annoncé entre 20 et 50 km/h.
Le départ est  donné sur les Champs Elysées avec une belle descente parfaite pour l’échauffement et la recherche du bon rythme. Quelle chance d’être là avec tous ces coureurs animés chacun par leur objectif. On sent des coureurs gonflés à bloc, un peu anxieux et heureux que ça commence enfin !
Déjà la place de la Concorde, où je jette un coup d’œil au chrono 4’15 » au km parfait. Il y a vraiment beaucoup de monde, et il faut être vraiment très attentif à son entourage immédiat. Il faut éviter les pièges de la route de type bordure des bus ainsi que les coureurs qui se sont installés dans le SAS des 3 heures mais qui sont déjà très en deçà du rythme.
Vers le troisième kilomètre, je commence à boire ma potion magique car je sais que c’est un point clé pour bien finir. Le drapeau du meneur d’allure des 3 heures est devant à environ 50 mètres et je ne cherche pas à le rattraper à tout prix car il y a beaucoup de monde autour de lui et je veux éviter tout risque de chute.
Au 5ème km à la Bastille, je suis bien dans la cadence puisque je passe en 21’20’’ sans envie ni possibilité d’aller beaucoup plus vite mais avec une belle sensation de facilité. Ma petite bouteille d’eau me permet de zapper le premier ravitaillement siège d’une véritable cohue…
Depuis le départ, je cours dans ma bulle et je ne profite pas vraiment des beautés architecturales parisiennes que je connais bien donc pas de regret. On fera du tourisme plus tard. 
Je passe au 10 km en 42’35 » pas très loin de la vitesse souhaitée. La traversée du bois de Vincennes est très agréable et je me retrouve au ravitaillement du 15 ème km où je décide d’attraper une petite bouteille d’eau…et là énorme frayeur, un coureur m’attrape le pied et manque de me faire chuter. Je suis furieux mais me reprend très vite car il est inutile de griller de l’énergie dans un énervement qui serait sans aucun bénéfice.
Nous sommes confrontés à quelques passages avec un vent assez fort et j’essaye, lorsque c’est possible, de m’insérer dans un groupe compact. A l’approche du 20 ème km, je commence à calculer le temps de mon passage au semi, moment psychologiquement important car il ne faut pas dépasser les 1h30 pour garder l’espoir.
C’est bon je passe en 1h29mn et 37 s. Je n’ai pas pris de retard mais je n’ai pas non plus beaucoup d’avance.
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Par contre je suis rassuré car je ne ressens à ce moment aucune fatigue ni douleur. Les paroles de Thierry du matin me reviennent en tête : ce n’est pas nécessaire d’être en avance, le mieux est de réaliser le fameux négative split. Donc le moral est au beau fixe et la confiance est à un bon niveau.
Après le semi, la route monte un peu et je raccourci ma foulée pour éviter de taper dans les cuisses et repousser le plus loin possible les douleurs aux quadriceps. Les spectateurs sont un peu plus nombreux mais je ne me laisse pas emporter par l’ambiance…ensuite la descente me permet de reprendre sans problème la poignée de secondes perdues dans la montée.
Je suis toujours dans ma bulle, centré sur mes sensations qui sont toujours excellentes.
Le 25 ème km est déjà là et une seule question trotte dans ma tête à cet instant : à quel moment vais-je avoir mal aux jambes et donc passer dans la phase dure du marathon ?
Au fait mon meneur d’allure a disparu, il s’est arrêté pour une pause technique en nous faisant signe de suivre l’autre meneur qui se situait à 100 mètres devant! Je suis surpris mais pas déstabilisé.
Le passage sur les quais est un moment clé du marathon de Paris. Il faut gérer les petites montées et descentes successives sans casser son rythme et le passage sous un tunnel est difficile :  moins d’oxygène, moins de lumière et plus de GPS. Dans ma tête je me répète : dans les montées, on raccourcit les foulées et dans les descentes, on déroule.

On approche des 30 km et le rythme est toujours aussi régulier et tous les indicateurs sont au vert. Il y a par endroit un peu plus de spectateurs qui font un peu de bruit mais je suis en mode bulle concentré sur ma course et à l’écoute de mes sensations toujours bonnes…

Tiens la Tour Eiffel…déjà ! puis c’est l’arrivée Porte d’Auteuil et donc le Bois de Boulogne avec le 35ème Km. Au ravitaillement, il est désormais plus facile de prendre sa bouteille et je maintiens ma routine d’hydratation.
Au 36ème km, surprise, le meneur d’allure réapparait comme par magie. Je lui demande si il est toujours bien dans le rythme des 3h00 ce qu’il me confirme.
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Un déclic se produit à ce moment-là : ça va le faire, c’est le jour tant attendu, c’est ton jour ! Je le suis jusqu’au 40 ème km comme hypnotisé par ce drapeau sur lequel mon rêve est écrit en lettre blanche sur fond rouge : 3 H 00. 
J’en profite pour me caler derrière pour me protéger du vent qui souffle assez fort sur la fin du parcours. Le vent ne m’arrêtera pas aujourd’hui et seule une chute ou des crampes pourraient m’empêcher d’aller au bout de mon rêve.
Au 40ème km , je décide d’accélérer car les jambes sont toujours là et je veux être certain d’être sous les 3 heures…évitons le cauchemar du 3h et 1 seconde !
Je ne cours plus, je vole. Je suis dans un état second où je ne sens ni mes jambes ni mes poumons qui tournent à plein régime. Je double des dizaines de coureurs…mais où est donc cette arche d’arrivée ? A la voilà…ça y est, c’est fait 2 H 59 MN 34 S. Le huitième marathon a été le bon!
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Je crie ma joie, m’agenouille, embrasse le sol de Paris, me relève et pleure de joie.

Lors des 300 mètres suivants le film des 30 mois qui ont été nécessaire pour atteindre ce rêve passe en vitesse accélérée : les entraînements des matins d’hiver dans le froid et la pluie, les périodes de doute et de blessure, les victoires et les échecs qui ont jalonné ce périple, les heures de lecture et de recherche sur internet pour trouver les petits trucs en plus, les calculs scientifiques pour se rassurer …et je me dis que c’est tout cela qui rend ce jour magnifique.

Des larmes salées de bonheur coulent  toujours doucement sur mes joues car maintenant je pense aux personnes à qui je dédie cette victoire…

Après ces instants d’intenses émotions, il est temps d’aller partager ce bonheur avec mes amis d’Esprit Running. Une belle fête avec de l’amitié et de la passion. NEXT DREAM!
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41 réflexions sur « Marathon de Paris 2012 »

  1. salut Didier, Bravo pour ton blog et pour tes Ambitions sportives. Je me prépare psychologiquement au 76 , confiant et détendu. j espère en profiter pleinement aussi. Sportivement Olivier

    1. merci Olivier
      je suivrai bien sûr ton résultat car tu t’es lancé un vrai défi sportif et j’aim ça
      pour l’entrainement, le travail est fait, il te reste a bien gérer l’hydratation et l’alimentation en course Essentiel tu le sais.
      Allez que la force soit avec toi!

  2. Super génial on se verra sur la marathon expo ,et pour ma part je suis sur que tu vas battre ton temps sur marathon

  3. on se verra évidemment! c’est aussi pour venir voir les copains que je le fais; Le chrono on verra en fonction du déroulement du plan et de la forme du jour; Evidemment je ne peux pas me fixer une autre ambition que de faire mieux!

      1. Comme chaque année on sera une belle bande de rigolo à la marathon expo , le genou ne dégonfle pas trop mais je deviens un pro en béquilles .

  4. excellent on va se voir au marathon expo c’est cool 😉 pour moi objectif « under four », mais y’a un sacré boulot à faire 😉

    1. j’espère que l’on sera nombreux à la marathon expo et si possible le même jour pour se voir, papoter et faire une magnifique photo.
      Aie confiance en toi et train hard!
      Freerunner:)

      1. Sur la ligne d’arrivée 🙂 Parcequ’en 3h je connais pas. Contrairement à la ligne de départ où l’on part presque tous ensemble 😉

  5. Salut freerunner ,j’en suis aussi on part pour 3h45 avec le frangin super cool de te voir à la running expo avec Occitan ,Olive et les Administrateur et tous les autres d’Esprit Running bonne préparation je pense qu’avec le mental que tu as tu vas le bouffer ce chrono …

    1. Salut Franck super on va bientôt se rencontrer.
      Ton record marathon est à combien?
      Le mental est important mais l’entrainement également
      Je vais tout donner et je dois travailler surtout le rythme puisque j’ai la vitesse et le foncier
      A+

  6. Bonjour Freerunner. Notre course pour décrocher le graal des moins de 3h est assez similaire, sauf que j’ai mis un peu plus de temps à l’atteindre. Pour moi, ca s’est passé à Florence 2010 (à 42 ans). Et, comme toi, j’ai l’espoir que ca me sourit à nouveau, cette année, à Tokyo. Je ne manquerais pas de surveiller ton résultat. Bon courage et bonne préparation.

    1. Bonjour Patrick
      Eh bien voilà je connais maintenant tes objectifs!
      Tu as décroché le graal et c’est l’essentiel mais nous savons ce que cela signifie en termes d’effort n’est ce pas…
      Combien de temps tu as mis, combien de marathons?
      Je ne connais pas le marathon de Tokyo mais il y a déjà le défi du décalage horaire!
      Good train

  7. Je suis en 3h54 sur le marathon de Toulouse en 2012 par contre je ne fais plus beaucoup de route depuis je suis plutôt sur des trail .

    1. Donc 3h45mn c’est ambitieux et ça s’est bien!
      les trails t’ont donné quand même de la résistance et du muscle donc il te reste à retravailler le rythme marathon!

  8. Joli récit et bravo pour ta perf !! moi j’ai dû attendre le 15ème pour passer, en 2013 la barre des 3 heures !!
    Pas certain que je puisse faire mieux en 2014, une semaine après l’écotrail de Paris, ça va être chaud !!

  9. Bonjour Didier !
    Très beau récit. Une question : prends-tu des gels ? Si oui quel système as-tu choisi pour les transporter ?

    1. bonjour Gaspard
      non je n’utilise pas de gel mais des petites fioles de liquide ce qui revient au même.
      j’utilise pour les transporter la ceinture flipbelt:) qui ne bouge pas.
      bonne préparation

      1. Au top, merci ! Qui sait, peut-être que cette année sera la bonne ! Bravo pour ton blog et bonne continuation !

      1. Et me voilà dans la belle famille des SUB3 avec un temps autour de 2h36’30 » 🙂 merci pour tes conseils avisés qui m’ont bien aidé !

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